Le mal automobile


Fanamc

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Alain Raymond, Chroniqueur et historien de l'automobile

 

Édition du lundi 12 janvier 2009

 

 

Analyse historique des causes profondes du déclin de l'automobile américaine

 

Le «mal anglais»: il a rongé en moins de 20 ans l'industrie automobile britannique usée à mort par l'immobilisme des dirigeants et l'intransigeance des syndicats. Une industrie pourtant prolifique qui exploitait une armée d'ingénieurs de talent, dont plusieurs meublent encore aujourd'hui le paysage automobile mondial.

 

Le scénario est-il le même aux États-Unis? Pas vraiment. Dans les années 20, la Ford Model T, construite à 16,5 millions d'unités, roule allégrement sa bosse, Chrysler prend naissance et General Motors multiplie les acquisitions. Contrairement à l'Europe, engoncée dans ses villes centenaires, l'automobile trouve en Amérique un immense territoire vierge. Les années 20 et 30 y deviennent l'âge d'or de l'automobile qui se met à la portée du grand public tout en séduisant l'élite fortunée avec ses Duesenberg, Cord, Stutz, Packard, Pierce-Arrow, Cadillac et autres merveilles rivalisant d'audace et de technologie.

 

En 1929, la Grande Crise signe l'arrêt de mort de plusieurs marques. Dix plus tard, c'est la Seconde Guerre mondiale. L'Amérique se convertit à la production militaire pendant que l'Europe se transforme en un champ de ruines. À la fin du conflit, l'automobile reprend ses droits en Amérique tandis que l'Europe se dote d'usines neuves, un avantage qui se fera sentir 20 ans plus tard. En 1956, la crise du canal de Suez provoque une pénurie de pétrole en Europe qui répond par l'élaboration de produits innovateurs, comme la révolutionnaire Austin Mini (1959), tandis que l'Amérique continue de surfer sur une mer de pétrole bon marché.

 

L'obsolescence planifiée

 

Si la prospérité de l'après-guerre profite à tous, elle donne des moyens encore plus considérables aux Trois Grands qui se payent une multitude de petits constructeurs. La concurrence et l'innovation technique cèdent la place au cérémonial des «changements annuels», un mythe voulant faire croire que l'automobile progresse en présentant tous les ans de «nouveaux» modèles qui n'ont en réalité de nouveau que la «robe».

 

À ce jeu savamment appuyé par la publicité, le public se laisse berner, attendant impatiemment le «modèle de l'année». Le superficiel de l'apparence remplace le développement technologique et nuit aux constructeurs innovants (comme Hudson), dont les structures monocoques modernes ne peuvent pas changer de look aussi facilement que les marques vouées à la technologie dépassée du châssis à carrosserie séparée (body-on-frame).

 

À l'aube des années 70, c'est la crise du pétrole, et les Trois Grands réagissent en produisent d'atroces navets (Ford Pinto, Chevrolet Vega, Cadillac Cimarron, etc.). Au même moment nous arrive un nouveau joueur fraîchement relevé de la guerre, armé d'usines modernes et d'une stratégie fondée sur la qualité. Le Japon fait son entrée timide avec des petites voitures abordables. Réactions de l'industrie: «Ce ne sont pas quelques centaines de voitures cheap qui vont nous faire peur...»

 

Avec les années 80, ce sont les muscle cars américains qui disparaissent, assassinés par les prix de l'essence et les primes d'assurance, emportant avec eux le dernier grand hourra de l'automobile américaine.

 

Les camions

 

Mais loin de s'avouer vaincu, Detroit trouve une nouvelle astuce pour remplacer l'obsolescence planifiée: les camions. La publicité affirme que «big is beautiful», que big, ça protège mieux, c'est plus robuste, plus viril. Il n'en faut pas plus pour que le camion et son dérivé, l'utilitaire sport (VUS), prennent d'assaut les routes d'Amérique. Le public tombe dans le panneau ne se doutant pas que le camion, bâti sur le vénérable châssis-poutre, est moins sécuritaire que l'automobile (voir les statistiques sur les capotages), mais certainement plus lucratif.

 

L'argent coule à flots à Detroit, mais les Trois Grands commettent une erreur capitale en négligeant l'automobile. Ford fait traîner son innovante Taurus pendant des années; Chevrolet nous refourgue sa Cavalier pendant 15 ans, tandis que Chrysler étire son K-Car jusqu'à l'épuisement.

 

Assaillis de toutes parts, GM et Ford et Chrysler (marié à Mercedes puis divorcé) sont trois «grands malades» qui, tel un paquebot à la dérive, ne savent pas trop comment reprendre le cap. On sort de la retraite un Bob Lutz septuagénaire pour apprendre à GM comment plaire aux acheteurs de 20 ans. On ferme des usines alors que les Asiatiques et les Européens en inaugurent de nouvelles sur le même territoire. On blâme les conditions trop généreuses accordées aux syndicats (par qui, je vous le demande?). On tarde à livrer des hybrides. On néglige le diesel, solution d'avenir, et on perpétue le mandat d'hommes de finance et de marketing à la direction.

 

Le knock-out

 

Et voici que le pétrole frappe de nouveau un grand coup de baril à 140 $. Les gros véhicules sont boudés, et la panique s'installe pour la énième fois à Detroit. «Il nous faut des petites voitures», crient les dirigeants. Tiens, tiens, on se réveille? Le sommeil aura été long, très long et peut-être même trop long.

 

Aujourd'hui, GM est au bord de la faillite, Chrysler aussi, et Ford n'est pas très loin. De toute évidence, il y a péril en la demeure. Qu'allons-nous faire? «Courons à Washington pour quémander quelques milliards, car, voyez-vous, ce n'est pas notre faute. C'est à cause de la crise financière...»

 

À voir leur réaction pathétique, on croirait qu'ils n'ont rien compris ou qu'ils nous prennent -- encore -- pour des cruches. Quoi qu'il en soit, ils ont échoué au test suprême, celui du marché. Il est temps de passer le flambeau, de confier à d'autres le soin de remettre sur roue l'automobile américaine. Si les généreux milliards récemment avancés par le contribuable ne se traduisent pas à moyen terme par une refonte de l'industrie, il ne restera plus qu'à mettre la clé sous le paillasson et pleurer la disparition de cette grande dame que fut l'automobile américaine.

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bien résumé , que faire personnellement j'ai des idées :

 

Pourquoi ne pas fabriquer un carburant de synthese qui sous sa forme carburé ne présenterai aucun ou moin de danger , la chimie est un secteur que je ne maitrise absolument pas donc vous n'aurez gere plus de précision mais c'est mon idée .

 

Pourquoi ne pas ressortir des models de carosserie inovante (qui plairait) en prennant soin de faire les excroisances dangereuse en un matériau tres souple comme du sillicone ou latex ou autre .

 

 

......... sujet plus qu'interessant soit dit en passant .

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donc en se projetant dans l'avenir , celui qui a une cadillac eldorado ou une simple camaro 78 v8 en 2018 aura une caisse qui vaudra extrement chere alors ,vu que GM est en sursis et risque de fermer boutique ...

 

 

j'ai dit une connerie?

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Comme toujours, les dirigeants des grosses entreprise de automobile ont toujours eu la grosse tête, et le pouvoir ainsi que le fric leur ont brulé la cervelle....

 

Comment ne pouvait on pas voir a ce point là, que les constructeurs asiatiques allaient envahir le marché us .... L'excès de confiance...la grosse tête !!

 

C'est vrai qu'ils ont trainés les pattes après les années 80 et que pendant ce temps la les jap mais aussi les européens prenaient de l'avance...grosse erreur ! :D

 

Le diesels ne sont peut être pas géniaux mais c'est ce qui se vend en majorité et malheureusement pour les ricains qui n'ont pas daigner se pencher sur cette énergie, les japonais ont compris depuis longtemps l'intérêt de développer leurs recherches dans ce secteur et lorsque je vois la caisse Toyota, (sais plus le modèle) Hybride électrique et thermique, la fiabilité dont elle fait preuve (un taxi que je connais à fait 200 000 kms avec une première et 170 000 avec une deuxième sans l'ombre d'un soucis avec un entretiens sur la partie électrique Néant, rien à changer dans la vie de l'auto !), et sa technologie, c'est sur que les constructeurs des USA, n'ont pas su prendre le métro en marche.....c'est triste car à long terme ça ne sent pas très bon pour eux..;et NOUS...passionnées de toutes ces marque de l'autre continent ! :D

 

Merci Famanc d'avoir trouvé et nous faire partager cet exposé vraiment sympa et concret sur le triste bilan des constructeurs américain ! :D

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Il y a une chose que cet article ne parle pas, c`est l`industrie chinoise de l`automobile qui un peu comme dans l`électronique à ses débuts est pour l`instant une risée, pourtant du coté électronique les chinois ont appris, et vite en plus ! Va se produire la même chose du coté automobile, Honda a déjà des partenariats de signés avec des constructeurs chinois :D Pas fou les nippons !

C`est ce qui risque de clore la discussion à propos de l`industrie américaine, faut qu`ils ce réveillent, et vite en plus :D

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en se projetant dans l'avenir , celui qui a une cadillac eldorado ou une simple camaro 78 v8 en 2018 aura une caisse qui vaudra extrement chere alors ,vu que GM est en sursis et risque de fermer boutique  ...

j'ai dit une connerie?

Plutôt :D

 

Demande aux propriétaires de Rambler, de Bantam, d'AMC ou de Frazer si ça vaut "extrêmement cher" :D - sans parler des rarissimes Talbot Samba des années 80... :D

La valeur d'une vieille Américaine, ça dépendra surtout du prix de l'essence à mettre pour la faire rouler, à part quelques modèles très rares je n'y crois pas vraiment comme placement :ivrogne: .

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Last news ("Les Echos" de ce matin) : Citroën relance la DS :D

 

Encore une idée à la c*n :D la DS a certainement été la meilleure voiture du monde en son temps, mais avec une version emblématique (la 23 injection) qui a laissé derrière elle une belle réputation de gloutonne en carburant... :D

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Il y a une chose que cet article ne parle pas, c`est l`industrie chinoise de l`automobile qui un peu comme dans l`électronique à ses débuts est pour l`instant une risée ...

 

... il y a une autre chose dont cet article ne parle pas ( ni toi non plus d'ailleurs ;) ) c'est l'industrie automobile Indienne , alors que le marché est en pleine expansion , même si celle-ci en est encore à quelques balbutiements liés aux obstacles qu'elle rencontre ( manque de main-d'oeuvre qualifiée , gros problèmes d'infrastructure de transport , législation concenant le droit au travail ,problèmes d'environnement , etc ...) ; mais les dirigeants indiens travaillent à vaincre ces obstacles et espérent devenir le 3 ème constructeur automobile mondial dans les années 2030 :D

 

 

Last news ("Les Echos" de ce matin) : Citroën relance la DS :ivrogne:

 

Encore une idée à la c*n :D  la DS a certainement été la meilleure voiture du monde en son temps, mais avec une version emblématique (la 23 injection) qui a laissé derrière elle une belle réputation de gloutonne en carburant... :D

 

... coïncidence , mon ami Bruno ( Valiant ) m'a appelé hier pour me dire qu'il venait de trouver une DS 23 à restaurer pour un trés bon prix ;) ... je prendrai des photos dés qu'il l'aura ;) ... je me rappelle que c'était une voiture exceptionnelle .

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Diesel , solution d'avenir...

 

J'y crois pas trop ...

 

je suis abasourdi de voir le nombre de camionnettes et de voitures navettant de Liège à Bruxelles tous les matins ( plus ou moins 100 kms )

 

ces camionnettes transportent du personnel bossant sur des chantiers sur place ( construction , chauffage , électricité , autres ... )

 

de l'autre côté de l'autoroute , je vois un tas de bagnoles et de camionnettes en provenance de Bruxelles se dirigeant vers Liège , probablement pour les mêmes raisons ...

 

ce ne serait pas plus simple de faire bosser les entrepreneurs bruxellois à Bruxelles et les enterpreneurs liégeois à Liège ?

 

mais je suis probablement trop con & n'ai rien compris , comme d'habitude :grr:

 

depuis le 12 janvier , je bosse à Bruxelles , j'ai décidé d'y aller en train plutôt qu'en bagnole : je monte dans le train, je mate les jolies secrétaires et évalue mentalement l'épaisseur de leur fond de teint, , je ronfle un peu , je lis la gazette , je change à Louvain , je vais y acheter mon kawa matinal , je me gratte les cou*lles sur le quai ou dans le train en toute sécurité . Je pars à pied de chez moi vers 0625, 20 minutes de marche , je monte dans le dur à 0700 , j'arrive au taf à 0830 . Mon employeur me paie mon abonnement à 100 %

 

en bagnole , il me faut partir de chez moi à 0545 pour arriver à 07h00 au taf . Si je pars à 0625 ( comme quand je pars à pied pour aller à la gare), il me faut 2 plombes pour arriver au taf , avec la fatigue et le stress de la conduite et ça me coute tous les jours 20 ¤ en carburant .

 

la meilleure , vous la connaissez ?

 

même si je prends le dur gratuit , je peux défalquer ma bagnole dans ma déclaration d'impôts . Le gouvernement a enfin compris que, pour inciter les gens à prendre les transports en commun et ainsi désengorger les routes , fallait mettre la carotte devant le nez des citoyens plutôt que de la leur carrer dans le fion .

 

donc , l'avenir de l'automobiliste , ce n'est pas le diesel , c'est le train/tram/bus :megatop:

 

dont acte ...

 

TSHAW !

 

Oncle Baron ( le celui qui voyage les orteils en éventail )

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... fallait mettre la carotte devant le nez des citoyens plutôt que de la leur carrer dans le fion .

 

 

... l'un n'empêche pas l'autre :megatop:

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