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C’était l’obsession, la terreur des fifties : les Martiens, qui déambulaient à Manhattan vêtus de tuyaux de poële ou dans la Vallée de la Mort habillés en antennes Bouygues 4G, étaient en train de conquérir la Terre, en douce, après avoir hypnotisé la belle-mère du barman de San Fernando et avoir fait subir les derniers outrages à l’épouse du shérif de Tombstone, Arizona. Ils avaient des yeux lasers, des tronches en ris de veau, des voix de crécelles pourries et, parfois, on voyait les lobes de leurs cerveaux géants. Ils arrivaient de loin. Ils arrivaient de la salle de l’Omnia Paramount ou de l’Excelsior Montmartre, voire du Midi-Minuit, salle spécialisée dans le bizarre. Dans « Flying Saucer Films of the 1950s », John Abbott (auteur de « The Elvis Films », « One Hundred of the Best, Most Violent Films Ever », bouquins essentiels) traque les aliens de cinéma, ces barbares venus des confins du cosmos en soucoupes volantes d’alu brossé.

 

Tout a commencé avec « The Flying Saucer », en 1950, nanar cinq étoiles de Mikel Conrad (avec Mikel Conrad) : soixante-neuf minutes durant lesquelles un détective et son adjoint alcoolique, accompagnés par une infirmière nommée Nanette, enquêtent en Alaska sur des rumeurs bizarres. Des ovnis auraient été vus dans la région, c’est louche. Le détective sème des mégots de cigarettes, mais des Russes le suivent et tuent des tas de gens (c’est des Russes, hein) et, faute d’un scénario, on ne voit jamais les Martiens. En revanche, on voit bien l’Alaska, via des stock-shots achetés en vrac. Le réalisateur, Mikel Conrad, fils d’une famille aisée, eut l’idée géniale de fonder son propre fan club, et s’envoya des lettres d’encouragement. Il se recasa plus tard comme acteur dans « Untamed Women » (un pilote dans le coma se réveille chez les dinosaures), perfectionnant son destin de nanardeur pur et dur. Mais il fut le premier à utliser le terme « soucoupe volante » au cinoche. Respect, donc.

Soutien-gorge létal

Dans « The Man from Planet X » d’Edgar Ulmer (ex-décorateur de Max Reinhardt à Vienne), les Martiens balancent un son si aigu qu’il transforme les gens en zombies, ce qui n’est pas important. Ce qui l’est, en revanche, c’est le soutien-gorge de Margaret Field (la maman de Sally Field), qui lui fait des seins ultra-pointus - armes létales par éborgnement des envahisseurs. Les décors du film sont récupérés de « Jeanne d’Arc » (avec Ingrid Bergman) et la machine à brouillard aide l’acteur (Bond... Raymond Bond) à camoufler son expression de pure terreur permanente (son lacet est défait?).

Dans « The Day the Earth stood Still » de Robert Wise, les aliens atterrissent à Wahington, et proposent la paix sur Terre en disant « Klaatu barada nikto », ce qui veut dire « Cool, le gars ». Le héros de « It came from outer space » de Jack Arnold, fume la pipe - c’est donc un auteur, un vrai. En plus, il est filmé en 3D (en 1953, oui!) et fait face à un monstre d’outre-espace qui ressemble à un marshmallow fondu, avec de l’acné. Celui de « This Island Earh » de Joseph Newman a des pieds de chameau, des pinces de crabe en guise de mains et pas de boîte crânienne : sa cervelle est à nu. L’héroïne trouve ça sexy (l’organe de la séduction, disent souvent les femmes, c’est l’intellect. Ben oui, mais là, j’ai des doutes).

 

Dans « Earth vs the Flying Saucers » de Fred Sears, les Martiens menacent la Tour Eiffel, et n’oublions pas « Plan 9 from Outer Space », le chef d’oeuvre d’Ed Wood, où les soucoupes volantes sont matérialisées par des enjoliveurs de voitures, et où Bela Lugosi, qui tient un petit rôle, a été remplacé au pied levé par le masseur du réalisateur (il ne ressemblait en rien à Bela Lugosi, mais il fallait se débrouiller, Lugosi étant tombé raide mort au bout de deux jours de tournage). J’aime bien, aussi, « I married a Monster from Outer Space » de Gene Fowler, où le Martien a une tête de serpillière trempée dans le mazout. L’héroïne (Gloria Talbott) se demande pourquoi elle n’est pas enceinte. Vu la disposition de ta chambre à coucher (la censure de l’époque exigeait que les couples mariés dorment dans des lits bien séparés), chérie, t’as aucune chance.

Ineptes, affligeants, hilarants: les films répertoriés dans le livre de John Abbott sont un régal, une fête de la connerie made in USA. Franchement, ils sont barada, ces Américains. Carrément.

Flying saucers of the 50’s, par John Abbott, Auto-édition, 2019, 15,99 $

 

François Forestier (et sa géniale rubrique sur le site de l'Obs)

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Il y a 1 heure, EdgarPot a dit :

Dans « The Man from Planet X » d’Edgar Ulmer  /.../ « The Day the Earth stood Still » de Robert Wise, /.../ « It came from outer space » de Jack Arnold /.../ « This Island Earh » de Joseph Newman /.../  « Earth vs the Flying Saucers » de Fred Sears

Tous depuis longtemps en DVD à la maison :) .

 

Ne pas oublier "The thing from another world" (1951) revisité par John Carpenter dans les années 80 ("The thing" tout court). Les deux en bonne place avec les autres.

 

Il y a 1 heure, Zitoune a dit :

Et pour résumer ceci....il faut voir "Mars attacks".........

Vu au cinoche, et évidemment dans mon stock. Ce n'est pas un résumé mais une parodie - très facile vu le niveau de nullité de la plupart des productions ci-dessus.

 

Il y a 1 heure, EdgarPot a dit :

Tout a commencé avec « The Flying Saucer », en 1950

Ah, celui-là il me le faut avant de lire le bouquin signalé :megatop:

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Et comment passer à côté du chef d'oeuvre "Le gendarme et les extra-terrestres", qui à même été cité par Benabar dans sa chanson "le dîner", prémonitoire concernant les mauvais films de SF: "Allez viens, on y va pas..."

 

 

On peut en plus y apercevoir dès les premières minutes une superbe oldsmobile de 1970:

 

s-l400.jpg

 

Ce qui, vous en conviendrez, n'égale pas la soucoupe volante.

 

 

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:D

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