Il y a un an, le 25 novembre 2013, à l’âge de 64 ans, j’ai accompli un inattendu passage à l’acte. J’ai acheté une voiture américaine ! Je suis allé la chercher, j’ai fait un chèque de 9.000 euros à son propriétaire et je l’ai conduite d’un trait sur 400 kms pour la ramener chez moi. Je n’avais jamais conduit une automatique, la conduite assistée était inopérante et la direction avait un jeu impressionnant de quasiment ¼ de tour qu’il fallait corriger sans cesse. En sortant du village (mon premier virage à gauche), j’ai carrément mordu sur la moitié du trottoir. Heureusement que les rues de Romery (51) étaient vides. Mais j’avais confiance. Le vendeur m’avait envoyé plein de photos de son travail sur la voiture, il avait une personnalité plutôt attachante et bien que je n’aie jamais vu la voiture « en vrai » auparavant, j’ai dit OK. J’étais tellement excité et tendu que j’ai fait le retour d’une traite, avec le seul secours psychologique d’un copain féru de mécanique qui était assis à côté de moi et qui n’a même pas eu besoin de sortir sa caisse à outil. La voiture n’a pas fait un pli, elle s’est avalée ses 400 bornes comme une jeune.
Petit retour en arrière. Tout avait commencé comme ça :
1) Now or never : quand vous croyez que vous avez toujours 35 ans et qu’on vous apprend que vous avez droit à la retraite et que, vérification faite, vous êtes en effet né en 1949 (1ère moitié du 20ème siècle), il se passe dans votre tête un curieux télescopage de plaques tectoniques mentales à l’issue duquel certaines certitudes s’imposent à vous. En particulier celle-ci : « c’est maintenant ou jamais ». Et remontant du fond de mes âges, la voiture américaine s’est curieusement imposée, à ma plus grande surprise.
D’où le 2) qui suit :
2) Recherche et développement : archi novice, j’ai tapé « voitures américaines » sur Google et je suis tombé sur ce site : http://www.voitures-americaines.com
Là j’ai cherché les WIP, les CLIP, les CRAP, les BANG, les VLOP, les ZIP et les SHEBAM de l’auto-excitation. Pas d’autres critères (hormis le budget), vu que je n’y connaissais rien et que mes dernières visions fantasmatiques d’une voiture américaine remontaient aux vieilles pubs que je voyais dans le Saturday Evening Post auquel mon père était abonné dans les années 50-60.
Soudain, au détour d’une page du site de vente, je suis tombé sur ceci :
Une DeSoto Firedome 1955. De Soto ? Ah oui, ça me dit quelque chose. J’ai aussitôt su que c’était ELLE, j’ai arrêté de réfléchir et j’ai pris contact avec le vendeur.
N.B : Accessoirement, et sans le savoir, j’entrai du même coup dans le monde merveilleux de Dreams Cars et de l’une de ses plus célèbres légendes vivantes, un type sympa, archi fiable et mécanicien génial, au look avenant et au doux caractère, genre « veux-tu être mon ami ? ».
Il m’a envoyé plein de photos et de commentaires sur cette voiture qu’il était en train de restaurer (cf. http://www.dreams-cars.org/forum/topic/16610-desoto-firedome-1955/).
Et je suis allé chez lui, et on a bu SON Champagne, et…
3) un an après :
12 mois plus tard, j’ai eu envie de faire le point, côté financier. Parce que côté plaisir de rouler avec, ça va bien, merci.
Bilan, donc, financier :
a) l’achat : 9.000 euros, comme j’ai dit, que mon gentil banquier a eu la faiblesse de me prêter à condition que je les lui rende sous forme de mensualités (229,54 €) pendant 4 ans. J’ai promis.
b) La mécanique : étant donné mon inculture totale et, je l’avoue, une attirance moyenne pour la mécanique, j’ai fait appel à un mécanicien auto situé à 7 kms de chez moi et qui connaît (et aime) les américaines. Il restaure en ce moment une Corvair et ça crée des liens. Son défaut, c’est qu’il me facture les heures qu’il passe à entretenir la DeSoto. 47,50 € de l’heure, h.t. Il paraît qu’il gagne sa vie comme ça… Donc, avec lui, depuis un an, ça a donné ça :
- 1ère visite et diverses remises en état (carbu. et joints de carbu., circuit de carburant, éclairage, remplacement du compteur dont j’avais un double dans les pièces détachées laissées par le vendeur…) : 900 euros.
- 2ème visite : suite à la mésaventure des freins qui lâchent en peine campagne et en pleine… descente. Remplacement des tuyaux de freins (en cuivre) : 370 euros. En passant, je ne paie pas le dépannage (il faut un camion, car le plateau de mon garagiste est trop court et léger) car j’ai pris la bonne assurance chez Clavel à Lyon.
- 3ème visite (en juillet). Vidanges, filtres, graissage, changements de courroies… : 200 euros, comme sur un vulgaire daily !
- 4ème visite (en septembre) : là, c’est la grande aventure. Changement du boîtier de direction ! Lors de l’achat, mon vendeur (adoré), m’avait laissé un boîtier de rechange qu’il avait lui-même commandé (chez Rockauto je crois) mais qui n’avait rien changé au problème de la DA une fois posé. Donc je décide : A) de faire refaire la pompe de DA (500 euros) en France, chez un professionnel qu’on m’avait recommandé (à Strasbourg) et qui a bien fait le boulot. B) d’expédier le boîtier de rechange chez Rockauto (grosse émotion pour moi car c’est une première et il faut payer d’avance) qui me renvoie la bête comme neuve, moyennant 730 euros. + expédition via Fedex : 260 euros + frais de douane au retour : 120 euros.
Bien sûr, une fois les pièces récupérées (pompe + boîtier), il faut les installer. C’est mon garagiste qui s’en charge. Accessoirement, il faut changer les 2 pneus avant. Le tout, pour 1.000 euros !
En ajoutant quelques commandes diverses effectuées depuis un an (Shop manual, filtres à essence, flexibles de frein…) pour 140 euros, ça fait un budget « mécanique et pièces 1ère année » de :
4.220 euros.
Auxquels je n’ajoute pas la Carte Grise (638 euros), ni l’assurance (117 euros), ni le contrôle technique (75 euros), qui sont des frais inhérents à toute voiture et non pas seulement à la DeSoto.
4) Et alors, et maintenant ?
Mes réflexions du jour : C’est un achat plaisir, complètement irrationnel, et je préfère avoir dépensé 9.000 + 4.220 = 13.220 euros à ça plutôt qu’à avoir dû remplacer la chaudière ou refaire le toit. Malgré tout, je ne suis pas si riche et pour la mécanique, il a fallu taper dans mes (petites) réserves. Heureusement, ma femme est archi solidaire, et c’est déjà ça. Par ailleurs, je pense que la deuxième année sera moins coûteuse, côté mécanique. La DeSoto tourne comme une horloge, elle est saine (merci vendeur !) et de l’avis de mon garagiste, elle devrait désormais rouler sans encombre. Donc j'ai envie de la garder, bien sûr, mais voilà, à force de fréquenter la famille Dreams Cars, j’ai dû choper un virus. J’aimerais bien en « essayer » une autre ! Une plus récente (années70 ?), ou un autre genre… Et comme il est hors de question d’en acheter une deuxième et que je ne suis pas un mécanicien prêt à en acheter une « bon marché à restaurer », la seule solution serait de vendre la DeSoto. Mais là, c’est dur, sentimentalement !
J’en suis là de mes pensées, et si je vous en fais part, c’est que j’aimerais bien avoir vos réactions sur ma petite histoire !